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Pour
un apprentissage précoce
des langues vivantes.
Intervention de Claude HAGEGE,
professeur au Collège de France à l'occasion
du séminaire "l'enseignement
des langues vivantes à l'école
primaire", Paris, 29 janvier
2001
Consulter le dossier sur les langues
vivantes: discours de Jack Lang;
dossier documentaire
En matière d’enseignement
des langues, la France ne peut pas
avoir le même comportement
que les autres pays européens.
En effet, l’histoire lui confère
un certain nombre de spécificités.
Chez nous, la langue a toujours été une
affaire très politique. Le
français s’est progressivement
affirmé comme étant
la langue du pouvoir.
Les Français et l’apprentissage
des langues étrangères.
L'enseignement des langues étrangères
ne doit pas être perçu
comme étant en concurrence
avec l'enseignement du français.
Au contraire, la France doit assurer
la promotion de la langue nationale à travers
la diversification. Jusqu’à une
période relativement récente,
notre pays a pu se permettre d'avoir
une démarche différente
car il y a eu des périodes
de rayonnement intense du français.
Mais avec la montée en puissance
d’autres Etats, la France ne
peut plus promouvoir sa langue comme
elle l’a fait par le passé.
La promotion du français passe
nécessairement par la promotion
de la diversification. Parmi les
lieux communs qu’il faut abandonner,
figure la faiblesse, voire la nullité,
des Français dans l’apprentissage
des langues. Cela n'a aucun sens.
N'importe quelle étude sérieuse
pourrait infirmer ce préjugé.
Néanmoins, il n'est pas de
rumeur qui soit absolument dépourvue
de fondements, si minimes soient-ils.
Deux raisons peuvent expliquer, sans
le justifier, le préjugé courant
sur la faiblesse des francophones
en langues étrangères.
D’une part, comme je l'ai souligné tout à l'heure,
le français a été,
pendant très longtemps, une
langue de diffusion mondiale. L'effort
d'apprendre d'autres langues apparaissait
donc moins nécessaire. C'est
la situation dans laquelle se trouvent
aujourd'hui les anglophones. Ils
ne se donnent pas la peine d’apprendre
des langues étrangères,
parce qu'ils sont convaincus, parfois à tort,
qu’ils seront compris partout
dans le monde. Une autre raison,
plus sérieuse, est phonétique.
Je traite ce point, car il est souvent
laissé de côté.
Le français est une langue
dont le spectre acoustique est assez
restreint. Celui-ci est en tout cas
bien plus restreint que pour l’italien,
le russe, l’arabe, voire l’anglais.
Cela représente un certain
handicap pour les francophones. Par
ailleurs, certaines consonnes (h
et r roulé notamment) largement
utilisées dans les autres
langues, y compris voisines, n'existent
pas en français contemporain.
Cette étroitesse du spectre
acoustique ainsi que la difficulté à prononcer
certains sons militent en faveur
d’un apprentissage précoce
des langues étrangères.
Je tiens néanmoins à insister
sur le fait que ni la morphologie,
ni la syntaxe, ni le lexique ne peuvent
justifier ce préjugé absurde,
voire raciste, qui voudrait que les
Français aient du mal à apprendre
des langues étrangères.
Les seuls éléments
que j'ai cités concernent
la phonétique.
Les avantages d'un apprentissage
précoce des langues étrangères
Lorsqu'ils babillent, les nourrissons
produisent toutes sortes de sons.
Les bébés francophones
pourraient même passer pour
des sinophones! En effet, ils sont
capables de fabriquer des sons que
nous retrouvons dans le chinois et,
plus généralement,
dans toutes les langues où les
mots peuvent avoir des sens distincts
selon qu'ils sont prononcés
avec un ton montant ou avec un ton
descendant. Le support segmental
est identique, mais selon la direction
de la mélodie, les mots peuvent
avoir des significations tout à fait
différentes. Lorsqu'ils sont
petits, les enfants articulent spontanément
des sons. Puis, à mesure qu’ils
grandissent, ils vont essayer de
reproduire les sons émis par
leur entourage. Comme je le note
dans " L’enfant aux deux
langues " (O. Jacob, 1996),
l'oreille des nourrissons est " avide ".
Les bébés sont capables
de percevoir une très grande
diversité de sonorités.
Mais ils ont également un
réel désir de reproduction.
Toutes les sociétés
sont animées par une forte
dose de mimétisme. Par conséquent,
l’oreille qui permettait d’entendre
une grande diversité de sons
va, étant limitée par
les sons de l’entourage à imiter,
progressivement devenir une oreille " nationale ".
Pour tirer parti des capacités
des enfants et éviter les
difficultés qu'ils risquent
de rencontrer plus tard, notamment
en ce qui concerne la prononciation,
l’apprentissage précoce
des langues s’impose comme
quelque chose d’absolument
indispensable. Nous devons convaincre
les enfants d’âge scolaire
que le cours de langue n'est pas
un cours comme les autres. La matière
qui y est enseignée est tout à fait
particulière. En effet, il
va de soi que toutes les autres disciplines
se dispensent dans une langue ! Nous
devons faire prendre conscience aux élèves,
par la pratique et non par le discours,
que la langue instrumentalise tout.
Evidemment, la réciproque
est fausse. Cela n'aurait aucun sens
de faire un cours de langue en classe
de mathématiques! Seule la
langue est l’instrument de
toutes les autres matières.
Dès lors, il ne s'agit pas
seulement d'obtenir de bonnes notes
et de suivre un cursus correct. Si
des enfants étrangers viennent
jouer dans la cour et imposent leur
langue dans le jeu, la connaissance
de cette dernière sera indispensable
pour gagner. Il est important d'initier
très tôt les jeunes élèves à cette
spécificité de la langue,
par l'intermédiaire de laquelle
tout s'exprime.
Quel enseignement des langues vivantes à l'école
?
Contrairement à ce que nous
croyons parfois, les enfants n'apprennent
pas trop de matières. Au contraire,
dans la situation actuelle de notre
système scolaire, ils sont
en état de " sous-exploitation " par
rapport à l’immense
richesse de leurs capacités
mentales. Il est tout à fait
possible, voire souhaitable, de leur
enseigner des disciplines supplémentaires.
Nous devrions également les
initier très tôt à la
découverte scientifique, comme
cela existe dans certaines écoles
privées américaines.
Les problèmes que nous pouvons
rencontrer dans ces domaines sont
seulement liés à l'organisation
de l'école et à la
formation des enseignants. Mais je
n'insisterai pas sur ce point, car
je n'ai pas les compétences
nécessaires. L'enseignement
des langues devrait commencer entre
trois et cinq ou six ans. Je ne fixerai
qu'une fourchette d'âges. Cette
question fait en effet l'objet d'un
vaste débat, sur lequel je
ne souhaite pas m’attarder.
Pour ma part, j'estime qu'il est
indispensable d'enseigner non pas
une, mais deux langues vivantes,
sans attendre la pré-adolescence.
Lorsqu'ils sont petits, les enfants
n’attendent que cela. Plus
tard, ils ont d'autres préoccupations.
Dans ce contexte, l'apprentissage
des langues, comme de toutes les
autres matières, devient évidemment
plus difficile. Nous devons profiter
de la disponibilité des enfants.
L'apprentissage obligatoire de deux
langues vivantes présente également
l'avantage de conjurer la prédominance
de l'anglais. Il est évident
que le choix d’une seule langue
le privilégierait encore davantage.
Le fait que la France soit le pays
d'Europe qui propose l'apprentissage
du plus grand nombre de langues étrangères
ne changerait rien. Dans ce contexte,
l’enseignement obligatoire
d’une deuxième langue
permettrait d'équilibrer le
choix quasiment systématique
de l’anglais. Par ailleurs,
l'enseignement de deux langues étrangères
pourrait s’inscrire dans une
certaine vocation de la France. A
maints égards, notre pays
se doit de donner l’exemple.
D'après ce que j'entends dans
les congrès de chercheurs,
je suis convaincu que beaucoup de
pays attendent que la France montre
la voie de la diversité. Si
elle ne le fait pas, nos voisins
européens seront encouragés à privilégier
encore davantage l'anglais. Rien
ne les dissuadera de s'engager dans
cette voie.
La place de l'anglais dans le monde
et dans l'enseignement
L'apprentissage de plusieurs langues étrangères
n'est en fait que la prise en considération
de la diversité de l’Europe.
La domination de l’anglais
n’est pas inéluctable.
Par certains aspects, la situation
de l’anglo-américain
rappelle la situation du latin au
début de l'ère chrétienne.
Le thrace, le gaulois, l'étrusque
ou le ligure de l’époque
antique sont morts sous les coups
de boutoir du latin. Si l’empire
romain a pu obtenir de tels résultats,
l’empire anglo-américain,
avec les moyens dont il dispose,
est certainement en état de
conduire à l’extinction
non seulement les " petites " langues,
mais également les plus grandes.
La situation est sérieuse.
Si les langues ne se défendent
pas, le terme de cette évolution
pourrait survenir en peut-être
un peu plus ou un peu moins d’un
siècle. Dans certains pays
d’Europe, la pratique de l’anglais
constitue une tradition ancienne.
Ce n’est pas le cas en France
et notre pays n'a aucune raison de
l'introduire. Ni les Pays-Bas, ni
le Danemark, ni la Finlande, ni la
Norvège, ni la Suède
n’ont une tradition de défense
de leurs langues. Ces pays ont parfois
mis en place des politiques allant
dans ce sens, notamment à l'imitation
de la France, mais celles-ci sont
restées très limitées.
D'une manière générale,
ces pays ont toujours privilégié une
ouverture très forte vis-à-vis
des langues et des cultures étrangères.
A l’exception des minorités,
leurs langues ne sont pas parlées à l’extérieur
des frontières. C'est la raison
pour laquelle l’anglais a très
rapidement été considéré comme
indispensable. Il est donc enseigné très
tôt. Nous nous émouvons
très fréquemment qu'à âge égal,
nos lycéens parlent moins
bien l'anglais que ceux de ces pays.
Pourtant, cette situation n'a rien
de surprenant. Notre langue connaît
encore une diffusion mondiale. Nous
ne nous situons pas du tout dans
le même contexte que les Etats
dont la langue n'est parlée
que par leurs seuls nationaux. A
ce titre, il peut être utile
de préciser que le français
est davantage parlé qu’il
ne l’a jamais été.
Pendant longtemps, il s'agissait
d'une " langue de luxe ",
connue seulement des classes dominantes.
Ce n'est plus le cas aujourd'hui.
Nous constatons que le français
commence à se démocratiser.
Généralement, nous
constatons que l'anglais est une
langue étrangère pour
les deux participants d’une
communication. Si nos enfants apprenaient
d’autres langues, et les maîtrisaient
correctement, le recours à l’anglais
ne serait pas nécessaire.
Cette situation serait évidemment
meilleure. Il est toujours préférable
qu'un des interlocuteurs puisse s'exprimer
dans sa langue maternelle. La France
n’a pas à privilégier
systématiquement l’anglais,
comme le font les pays qui doivent
se désenclaver. En revanche,
elle a toutes les raisons de mettre
l'accent sur l’enseignement
des autres langues de l'Europe occidentale.
La politique de l’Éducation
nationale en France n’est pas
innocente. Elle doit tenir compte
d'un très grand nombre de
paramètres et proposer un
projet nouveau. Pour ma part, je
ne peux pas considérer comme
une politique le simple fait de répondre à la
demande d’anglais des familles.
Au contraire, je pense que nous devons
militer en faveur d’une diversification
des langues et d'un renforcement
de l’information. En effet,
nous constatons souvent que la population
est sous-informée. La diffusion
mondiale de l'anglais est certes
très importante, mais l'est-elle
autant que le prétend la presse
? Elle l'est certainement dans les
grandes entreprises, où un
certain nombre de responsables exigent
sa connaissance. Pourtant, je pense
qu'ils pourraient se laisser convaincre
qu'il peut être tout aussi
utile de recruter du personnel parlant
directement la langue des pays avec
lesquels ils travaillent. D'une manière
générale, je crois
que la diffusion mondiale de l'anglais
est un peu exagérée
et qu'elle revêt quelques aspects
du mythe. Permettez-moi de conclure,
en disant que je ne suis pas l’homme
du mythe même si je suis celui
d’une utopie.
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Für
ein frühzeitiges Erlernen lebender
Sprachen.
Ein Beitrag von Claude Hagege, Professor
am Collège de France anläßlich
eines Seminars über "der
Unterricht lebender Sprachen in der
Grundschule", Paris, 29 Januar
2001
Entnommen aus dem Dossier über
die Lebenden Sprachen: Rede von Jaques
Lang:
Was den Sprachunterricht angeht,
kann Frankreich sich nicht verhalten
wie die die anderen europäischen
Länder. Tatsächlich ergeben
sich aus der story eine Anzahl
an Besonderheiten. In Frankreich
war die Sprache stets eine politische
Angelegenheit. Das Französische
hat sich zunehmende als die Sprache
der Macht etabliert.
Die Franzosen und das Erlernen von
Fremdsprachen.
Die Vermittlung von Fremdsprachen
sollte nicht so wahrgenommen werden,
dass sie mit der Vermittlung des
Französischen konkurrieren.
Ganz im Gegenteil, durch die Diversifikation
sollte Frankreich seine Nationalsprache
fördern. Noch bis vor kurzem
konnte sich unser Land noch eine
anderes Vorgehen erlauben, weil es
Zeiten gab, in denen das Französisch
eine starkes Ausstrahlungskraft hatte.
Aber seit dem Erstarken anderer Staaten,
kann Frankreich nicht seine Sprache
nicht mehr in der gleichen Weise
verbreiten, wie dies in der Vergangenheit
geschehen ist. Die Förderung
der Französischen geschieht
heute notwendigerweise durch die
Förderung der Diversifizierung.
Unter den Gemeinplätzen von
denen es sich zu verabschieden gilt,
befindet sich jener der Schwäche,
um nicht zu sagen der Unfähigkeit
der Franzosen Sprachen zu lernen.
Dies macht überhaupt keinen
Sinn. Jede seriöse Studie wäre
in der Lage, dieses Vorurteil zu
widerlegen. Nichtsdestotrotz, es
gibt kaum ein Gerücht, welches
jeder Grundlage, so gering diese
auch sei, entbehrte. Zwei Gründe
kann man als Erklärung für
die Schwäche der Franzosen hinsichtlich
des Fremdsprachenerwerbs anführen,
ohne dass sie diese verbreitete Vorurteil
rechtfertigen würden. Einerseits
war das Französische, wie ich
gerade schon gesagt habe, für
einen langen Zeitraum eine weltweit
verbreitete Sprache. Die Anstrengung
eine andere Sprache zu lernen war
von daher nicht in dem Maße
notwendig. Das ist die Situation,
in der sich heute die Leute befinden,
deren Muttersprache Englisch ist.
Sie geben sich nicht die Mühe
eine andere Sprache zu lernen, weil
sie davon überzeugt sind, manchmal
auch irrtümlich, dass sie überall
in der Welt verstanden werden. Ein
anderer Grund, ernsterer Grund, ist
durch die Phonetik bedingt. Ich erwähne
dies, weil er oft unerwähnt
bleibt. Das Französische ist
eine Sprache, deren phonetisches
Spektrum ziemlich eingeschränkt
ist. Auf jeden Fall sehr viel eingeschränkter
als im Italienischen, Russischen,
Arabischen oder Englischen. Hieraus
ergibt sich ein gewissen Handicap
für die Menschen, deren Muttersprache
Französisch ist. Weiter existieren
bestimmte Konsonanten (h und vor
allem das rollende r), welche in
anderen Sprachen , auch in benachbarte
Sprachen, weit verbreitet sind, im
heutigen Französischen nicht.
Diese Enge des akkustischen Spektrums
wie auch die Schwierigkeit bestimmte
Töne auszusprechen, sprechen
für ein frühzeitiges Erlernen
von Fremdsprachen. Ich möchte
aber nochmal darauf hinweisen, dass
weder die Morphologie, noch die Syntax,
noch der Wortschatz dieses absurde,
wenn nicht sogar rassistische, Vorurteil
rechtfertigen können, dass besagt,
dass die Franzosen Schwierigkeiten
mit dem Erlernen von Fremdsprachen
haben. Alle Tatbestände die
ich angeführt habe, beziehen
sich auf die Phonetik.
Die Vorteile eines frühzeitigen
Spracherwerbs
Wenn sie brabbeln, produzieren Säuglinge
jede Art von Ton. Ein französischer
Säugling könnte sogar für
einen chinesisch sprechenden Säugling
gehalten werden! Sie sind tatsächlich
in der Lage Töne hervorzubringen,
die wir im Chinesischen und, allgemeiner,
in jeder Sprache wiederfinden, wo
die Wörter in Abhängigkeit
ob der Tondruck fällt oder steigt
eine andere Bedeutung haben. Der
Beitrag der einzelnen Teile ist der
gleiche, aber in Abhängigkeit
von der Melodie, können die
Wörter eine ganz unterschiedliche
Bedeutung haben. Solange sie noch
klein sind, bringen die Kinder spontan
ganz unterschiedliche Töne hervor.
Später, in dem Maße in
dem sie heranwachsen, werden sie
versuchen die Töne hervorzubringen,
die in ihrer Umgebung gesprochen
werden. Wie ich in "Das zweisprachige
Kind" (O. Jacob, 19996) angeführt
habe, ist das Gehör eines Säuglings "gierig".
Säuglinge sind in der Lage eine
weites Spektrum an Klängen wahrzunehmen,
haben aber auch einen realen Wunsch,
diese zu reproduzieren. Alle Gesellschaften
sind getrieben von einer starken
Dosis Nachahmung. Hieraus folgt,
dass ein Ohr, dass in der Lage wäre
eine große Anzahl an Tönen
zu hören, bedingt durch die
Töne seiner Umgebung, zunehmend
zu einem nationalen Ohr wird. Um
diese Fähigkeiten des Kindes
zu nutzen und die Schwierigkeiten,
vor allem in Hinblick auf Aussprache,
auf die sie eventuell später
stoßen, zu vermeiden scheint
ein frühzeitiges Erlernen von
Fremdsprachen unbedingt geboten.
Wir müssen die Kinder im schulpflichtigen
Alter davon überzeugen, dass
der Sprachunterricht nicht ein Unterricht
wie jeder andere ist. Das Fach, das
dort unterrichtet wird ist etwas
ganz Besonderes. Es ist selbstverständlich,
dass alle anderen Fächer in
einer Sprache unterrichtet werden!
Wir müssen dafür sorgen,
dass unsere Schüler sich bewußt
werden, durch die Praxis und nicht
durch Vorträge, dass die Sprache
alles instrumentalisiert, wobei natürlich
der Umkehrschluss nicht gilt. Es
hätte keinen Sinn einen Sprachunterricht
in der Mathestunde zu machen! Nur
die Sprache ist das Instrument aller
anderen Fächer. Von daher geht
es nicht nur darum, gute Noten zu
erhalten und eine korrekte Laufbahn
zu verfolgen. Wenn die ausländische
Kinder im Hof spielen und ihre Sprache
während des Spiels durchsetzen,
ist die Kenntniss der letztgenannten
unabdingbar um zu gewinnen. Es ist
wichtig die jungen Schüler sehr
früh auf diese Eigenart der
Sprache, durch die alles mitgeteilt
wird, hinzuweisen.
Welche Art des Fremdsprachenunterrichts
in der Schule ?
Ganz im Gegensatz zu dem was wir
manchmal glauben, lernen die Kinder
nicht zuviele Fächer. Im Gegenteil,
im Gegenwärtigen Zustand unseres
Schulsystems sind sie, im Verhältnis
zu den immensen Möglichkeiten
ihrer geistigen Fähigkeiten
in einem Zustand der Unterforderung.
Es ist ohne weiteres möglich,
ja sogar wünschenswert, sie
noch in anderen Fächern zu unterrichten.
Wir sollten sie auch früh in
einführen in die wissenschaftliche
Forschung, wie das schon an manchen
Privatschulen in Amerika gemacht
wird. Die Probleme, auf die wir hierbei
stoßen können, sind nur
durch die Organisation unserer Schulen
und durch die Ausbildung unserer
Lehrer bedingt. Aber ich werde auf
diesem Punkt nicht beharren, weil
ich die hierfür notwendige Kompetenz
nicht besitze. Der Sprachenunterricht
sollte zwischen dem dritten und dem
sechsten Lebensjahr beginnen. Ich
nenne nur einen zeitlichen Korridor.
Diese Frage ist tatsächlich
Gegenstand einer breiten Debatte,
bei der ich nicht verweilen will.
Ich für meinen Teil glaube,
dass es nicht nur unabdingbar ist
eine lebende Sprache zu unterrichten,
sondern zwei. Wenn sie klein sind
warten die Kinder geradezu darauf,
später haben sie dann andere
Beschäftigungen. In diesem Kontext
wird das Erlernen von Sprachen, wie
auch anderer Fächer, nicht mehr
schwierig. Wir sollten uns die Offenheit
der Kinder zunutze machen. Das obligatorische
Erlernen zweier lebender Sprachen
hat auch den Vorteil, der Vorherrschaft
des Englischen entgegenzutreten.
Es ist offensichtlich, dass die Wahl
nur einer einzigen Sprache es weiter
priviligieren wird. Die Tatsache,
dass Frankreich das Land innerhalb
Europas ist, das das breiteste Lehrangebot
an Sprachen hat, ändert daran
nichts. In diesem Kontext könnte
der obligatorische Unterricht einer
zweiten Sprache eine Möglichkeit
sein, die fast systematische Wahl
des Englischen einzudämmen.
Weiter könnte der obligatorische
Unterricht einer zweiten Sprache
auch einer Berufung für Frankreich
sein. In vielerlei Hinsicht sollte
unser Land beispielhaft sein. Nach
allem was ich auf den Kongressen
der Wissenschaftler höre, bin
ich überzeugt, dass viele Länder
von Frankreich erwarten, dass es
den Weg zur Diversifizierung weist.
Wenn Frankreich es nicht tut, werden
unsere europäischen Nachbarn
ermutigt das Englische noch weiter
zu priviligieren. Nichts wird sie
daran hindern, auf diesem Weg voranzuschreiten.
Die Stellung des Englischen in der
Welt und in der Lehre
Das Erlernen mehrerer Sprache ist
nichts anderes als das zur Kenntniss
nehmen der Unterschiedlichkeit Europas.
Die Dominanz des Englischen ist nicht
unausweichlich. In mancherlei Hinsicht ähnelt
die Situation des Englischen / Amerikanischen
der Situation des Lateinischen zu
Beginn des christlichen Zeitalters.
Das Thrakische, das Gällische,
das Etruskische oder Ligurische sind
unter dem Vorstoss des Lateinischen
ausgestorben. Wenn schon das Römische
Reich solche Resultate erziehlen
konnte, ist das Englische Amerikanische
Imperium mit den Mitteln über
die es verfügt allemal in der
Lage nicht nur die "kleinen" sondern
auch die größeren Sprachen
zu eliminieren. Die Situation ist
ernst. Wenn sich die Sprachen nicht
verteidigen, könnte das Ende
der Entwicklung in mehr oder weniger
einem Jahrhundert vielleicht erreicht
sein. In vielen Ländern Europas
ist die Verwendung des Englischen
schon seit langer Zeit Tradition.
Das ist nicht in Frankreich der Fall
und unser Land hat auch keinen Grund,
diese Praxis einzuführen. Weder
die Niederlande, noch Dänemark,
noch Finnland, noch Norwegen, noch
Schweden haben eine Kultur der Verteidung
ihrer Sprachen. Diese Länder
hatten zwar manchmal eine Politik,
die in diese Richtung ging, wobei
Frankreich als Vorbild diente, aber
diese Bemühungen blieben doch
sehr beschränkt. Verallgemeinernd
kann man sagen, dass diese Länder
immer einer weiten Öffnung anderen
Sprachen und Ländern gegenüber
den Vorzug gaben. Sieht man von Minderheiten
ab, werden ihre Sprache außerhalb
ihrer Grenzen nur von Minderheiten
gesprochen. Das ist der Grund, warum
das Englische sehr schnell als unverzichtbar
angesehen wurde und schon sehr früh
unterrichtet wird. Wir sind sehr
oft erstaunt darüber, dass im
gleichen Alter unsere Schüler
weniger gut Englisch sprechen als
die Schüler jener Länder.
Aber diese Situation ist nicht erstaunlich.
Unsere Sprache ist noch weltweit
verbreitet. Wir sind also nicht in
der Situation jener Staaten, deren
Sprache nur von den Volksangehörigen
gesprochen wird. In diesem Zusammenhang
ist es nützlich zu präzisieren,
dass Französisch mehr denn je
gesprochen wird. Lange Zeit war es
eine "Luxusprache", die
nur von den dominierenden Gruppen
gesprochen wurde. Das ist heute nicht
mehr der Fall. Wir stellen fest,
dass das Französische dabei
ist, sich zu demokratisieren. Im
allgemeinen ist es so, dass Englisch
eine Fremdsprache für beide
Teilnehmer einer Kommunikation ist.
Wenn unsere Kinder mehrere Sprachen
sprächen, wäre die zu Hilfenahme
des Englischen nicht mehr notwendig.
Diese Situation wäre zweifelsohne
besser. Es ist immer günstiger,
wenn einer der Sprecher sich in seiner
Muttersprache ausdrücken könnte.
Frankreich muss nicht systematisch
das Englische bevorzugen, wie es
jene Staaten tun, die sich von der
Versklavung befreien müssen.
Frankreich hat aber allen Grund einen
Schwerpunkt auf andere Sprachen Westeuropas
zu legen. Die nationale Bildungspolitik
Frankreichs ist nicht unschuldig.
Sie muss eine sehr große Anzahl
an Faktoren berücksichtigen
und sich neu ausrichten. Was mich
angeht, kann ich keine Politik in
der simplen Tatsache erkennen, dass
man dem Wunsch der Familien nach
Englisch entspricht. Ganz im Gegenteil,
ich denke, dass wir für eine
Diversivikation eintreten müssen
und für eine verstärkte
Information. Tatsächlich stellen
wir oft fest, dass die Bevölkerung
schlecht informiert ist. Die Verbreitung
des Englischen ist sicher wichtig,
aber ist sie so wichtig, wie von
der Presse behauptet? Sie ist es
sicher in den großen Unternehmen,
wo eine sehr große Anzahl der
Verantwortlichen die Kenntniss derselben
verlangt. Trotzdem glaub ich, dass
man sie auch davon überzeugen
kann, dass es auch genauso nützlich
sein kann Personal zu rekrutieren,
dass die direkt die Sprache des Landes
spricht, in dem man arbeitet. Verallgemeindernd
würde ich sagen, dass ich glaube,
dass die Verbreitung des Englischen
in der Welt ein bisschen übertrieben
ist, und dass dieser Behauptung etwas
Mythisches anhaftet. Lassen sie mich
zum Abschluss noch sagen, dass ich
kein Mann des Mythos bin, wenn ich
auch einer der Utopie bin.
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