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UNE VISITE NOCTURNE.
J'ai un ami, je pourrais en avoir deux; son nom, je
l'ignore, sa demeure, je ne la soupçonne pas. Perche-t-il
sur un arbre? se terre-t-il dans une carrière abandonnée?
Nous autres de la Bohème, nous ne sommes pas curieux, et
je n'ai jamais pris le moindre renseignement sur lui. je le
rencontre de loin en loin, dans des endroits invraisem-
blables, par des temps impossibles. Suivant l'usage des romanciers à la mode, je devrais vous donner le signalement
de cet ami inconnu; je présume que son passeport doit être rédigé ainsi: « Visage ovale, nez ordinaire, bouche
moyenne, menton rond, yeux bruns, cheveux châtains;
signes distinctifs: aucun. » C'est cependant un homme
très singulier. Il m'aborde toujours en criant comme
Archimède: « J'ai trouvé ! » car mon ami est un inventeur.
Tous les jours, il fait le plan d'une machine nouvelle.
Avec une demi-douzaine de gaillards pareils, l'homme deviendrait
inutile dans la création. Tout se fait tout seul:
les mécaniques sont produites par d'autres mécaniques, les
bras et les jambes passent à l'état de pures superfluidités.
Mon ami, vrai puits de Grenelle de science, ne néglige
rien, pas même l'alchimie. Le Dragon vert, le Serviteur
rouge et la Femme blanche sont à ses ordres; il a dépassé
Raymond Lulle, Paracelse, Agrippa, Cardan, Flamel et
tous les hermétiques.
- Vous avez donc fait de l'or? lui dis-je un jour d'un
air de doute, en regardant son chapeau presque aussi vieux
que le mien.
- Oui, me répondit-il avec un parfait dédain, j'ai eu
cet enfantillage; j'ai fabriqué des pièces de vingt
francs qui m'en coûtaient quarante; du reste, tout le
monde fait de l'or, rien n'est plus commun: Esq-, d'Abad.,
de Ru., en ont fait; c'est ruineux. J'ai aussi composé du
tissu cellulaire en faisant traverser des blancs d'oeuf par un
courant électrique; c'est un bifteck médiocre et qui ressemble
toujours un peu à de l'omelette. J'ai obtenu le poulet à tête humaine, et la mandragore qui chante, deux
petits monstres assez désagréables; comme maître Wagner,
j'ai un homunculus dans un flacon de verre; mais, déci-
dément, les femmes sont de meilleures mères que les bouteilles.
Ce qui m'occupe maintenant, c'est de sortir de
l'atmosphère terrestre. Peut-être Newton s'est-il trompé,
la loi de la gravitation n'est vraie que pour les corps: les
corps se précipitent, mais les gaz remontent. je voudrais
me jeter du haut d'une tour et tomber dans la lune. Adieu!
Et mon ami disparut si subitement, que je dus croire
qu'il étaitentré dans le mur comme Cardillac.
Un soir, je revenais d'un théâtre lointain situé vers le
pôle arctique du boulevard; il commençait à tomber une
de ces pluies fines, pénétrantes, qui finissent par percer
le feutre, le caoutchouc, et toutes les étoffes qui
abusent du prétexte d'être imperméables pour sentir la
poix et le goudron. Les voitures de place étaient partout,
excepté, bien entendu, sur les places. A la douteuse clarté
d'un réverbère qui faisait des tours d'acrobate sur la corde
lâche, je reconnus mon ami, qui marchait à petits pas
comme s'il eût fait le plus beau temps du monde.
„Que faites-vous maintenant?“, lui dis-je en passant
mon bras sous le sien. „Je m'exerce à voler.“
„Diable!”, répondis-je avec un mouvement involontaire
en portant la main sur ma poche.
„Oh, je ne travaille pas à la tire, soyez tranquille,
je méprise les foulards; je m'exerce à voler,
mais non sur un mannequin chargé de grelots comme
Gringoire dans la cour des Miracles. Je vole en l'air, j'ai
loué un jardin du côté de la barrière d'Enfer, derrière le
Luxembourg; et, la nuit, je me promène à cinquante ou
soixante pieds d'élévation; quand je suis fatigué, je me
mets à cheval sur un tuyau de cheminée. C'est commode.”
“Et par quel procédé?”
“Mon Dieu, rien n'est plus simple.”
Et, là-dessus, mon ami m'expliqua son invention; en
effet, c'était fort simple, simple comme les deux verres
qui, posés aux deux bouts d'un tube, font apercevoir des
mondes inconnus, simple comme la boussole, l'imprimerie,
la poudre à canon et la vapeur.
Je fus très étonné de ne pas avoir fait moi-même cette
découverte; c'est le sentiment qu'on éprouve en face des
révélations du génie.
„Gardez-moi le secret”, me dit mon ami en me quittant. “J'ai trouvé pour ma découverte un prospectus fort
efficace. Les annonces des journaux sont trop chères, et,
d'ailleurs, personne ne les lit; j'irai de nuit m'asseoir sur
le toit de la Madeleine, et, vers onze heures du matin, je
commencerai une petite promenade d'agrément au-dessus
de la zone des réverbères; promenade que je prolongerai
en suivant la ligne des boulevards jusqu'à la place de la
Bastille, où j'irai embrasser le génie de la liberté sur sa
colonne de bronze.” Cela dit, l'homme singulier me quitta. Je ne le revis
plus pendant trois ou quatre mois.
Une nuit, je venais de me coucher, je ne dormais pas
encore. J'entendis frapper distinctement trois coups
contre mes carreaux. J'avouerai courageusement que
j'éprouvais une frayeur horrible. Au moins si ce n'était
qu'un voleur, m'écriai-je dans une angoisse d'épouvante,
mais ce doit être le diable, l'inconnu, celui qui rôde la
nuit, quaerens quem devoret. On frappa encore, et je vis
se dessiner à travers la vitre des traits qui ne m'étaient
pas étrangers. Une voix prononça mon nom et me dit: “Ouvrez donc, il fait un froid atroce.”
Je me levai. J'ouvris la fenêtre, et mon ami sauta dans
la chambre. Il était entouré d'une ceinture gonflée de gaz;
des ligatures et des ressorts couraient le long de ses bras
et de ses jambes; il se défit de son appareil et s'assit
devant le feu, dont je ranimai les tisons. je tirai de l'armoire
deux verres et une bouteille de vieux bordeaux. Puis
je remplis les verres, que mon ami avala tous deux par
distraction, c'est-à-dire dont il avala le contenu. Sa figure était radieuse. Une espèce de lumière argentée brillait sur
son front, ses cheveux jouaient l'auréole à s'y méprendre.
“Mon cher”, me dit-il après une pause, “j'ai réussi tout à fait; l'aigle n'est qu'un dindon à côté de moi. Je monte,
je descends, je tourne, je fais ce que je veux, c'est moi qui
suis Raimond le roi des airs. Et cela, par un moyen si facile,
si peu embarrassant! mes ailes ne coûtent guère plus
qu'un parapluie ou une paire de socques. Quelle étrange
chose ! Un petit calcul grand comme la main, griffonné
par moi sur le dos d'une carte, quelques ressorts arrangés
par moi d'une certaine manière et le monde va être changé.
Le vieil univers a vécu; religion, morale, gouvernement,
tout sera renouvelé. D'abord, revêtu d'un costume étincelant,
je descendrai de ce que jusqu'à présent l'on a appelé
le ciel et je promulguerai un petit décalogue de ma façon.
je révèlerai aux hommes le secret de voler. je les délivrerai
de l'antique pesanteur; je les rendrai semblables à des an-
ges, on serait dieu à moins. Beaucoup le sont qui n'en ont
pas tant fait. Avec mon invention, plus de frontières, plus
de douanes, plus d'octroi, plus de péages; l'emploi d'invalide
au pont des Arts deviendra une sinécure. Allez donc
saisir un contrebandier passant des cigares à trente mille
pieds du niveau de la mer; car, au moyen d'un casque rempli
d'air respirable que j'ai ajouté à mon appareil comme
appendice, on peut s'élever à des hauteurs incommensurables.
Les fleuves, les mers ne séparent plus les royaumes.
L'architecture est renversée de fond en comble; les fenêtres
deviennent des portes, les cheminées des corridors, les toits
des places publiques. Il faudra griller les cours et les jar-
dins comme des volières. Plus de guerre; la stratégie, est
inutile, l'artillerie ne peut plus servir; pointez donc les
bombes contre les hommes qui passent au-dessus des nuages
et essuient leurs bottes sur la tête des condors. Dans
quelque temps d'ici, comme on rira des chemins de fer,
de ces marmites qui courent sur des tringles en fer et font à peine dix lieues à l'heure!”
Et mon ami ponctuait chaque phrase d'un verre de vin.
Son enthousiasme tournait au dithyrambe, et pendant
deux heures, il ne cessa de parler sur ce ton, décrivant le
nouveau monde, que son invention allait nécessiter, avec
une richesse de couleurs et d'images à désespérer un disciple
de Fourier. Puis, voyant que le jour allait paraître,
il reprit son appareil et me promit de venir bientôt me rendre
une autre visite. je lui ouvris la fenêtre, il s'élança
dans les profondeurs grises du ciel, et je restai seul,
doutant de moi-même et me pinçant pour savoir si je veillais ou si je dormais.
J'attends encore la seconde visite de mon ami-volatile
et ne l'ai plus rencontré sur aucun boulevard, même extérieur.
Sa machine l'a-t-elle laissé en route? S'est-il cassé
le cou ou s'est-il noyé dans un océan quelconque? A-t-il
eu les yeux arrachés par l'oiseau Rock sur les cimes de
l'Himalaya? C'est ce que j'ignore profondément. je vous
ferai savoir les premières nouvelles que j'aurai de lui.
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Ein nächtlicher Besuch.
Ich habe einen Freund, ich könnte zwei davon haben. Seinen Namen kenne ich nicht und habe nicht mal eine Ahnung, wo er wohnt. Hockt er wie ein Vogel auf einem Baum? Vergräbt er sich in einem verlassenen Bergwerk? Wir, Angehörige der Bohème, wir sind nicht neugierig und ich habe nie Erkundigungen über ihn eingezogen. Ich treffe ihn von Zeit zu Zeit an den unmöglichsten Orten zu den unmöglichsten Zeiten. Ich müsste ihnen, wie dies bei den Schriftstellern, die heute in Mode sind üblich ist, eine Personnenbeschreibung dieses unbekannten Freundes geben: "Ovales Gesicht, gewöhnliche Nase, durchschnittlicher Mund, rundes Kinn, braune Augen, kastanienfarbene Haare. Besondere Merkmale: Keine." Nichtsdestotrotz ist er ein einzigartiger Mensch. Wenn wir uns begegnen schreit er wie Archimedes:"Ich habe es gefunden!". Mein Freund ist nämlich Erfinder. Jeden Tag macht er einen Plan einer neuen Maschine. Ein halbes dutzend Kerle dieses Schlags und es bräuchte keine Menschen mehr, um die Arbeit zu erledigen. Alles ginge von alleine: Die mechanischen Apparate würden selber wieder mechanische Apparate hervorbringen, die Beine und die Arme wären vollkommen überflüssig. Wissen sprudelt aus ihm hervor, wie Wasser aus der Quelle von Grenelle. Er vernachlässigt nichts, nicht einmal die Alchimie. Der grüne Drache, der rote Diener und die weiße Frau folgten seinen Befehlen. Er hatte Raymond Lulle, Paracelsus, Agrippa , Cardan, Flamel und alle anderen Esoteriker übertroffen.
"Sie haben also Gold gemacht?", sagte ich ihm eines Tages mit einem zweifelnden Gesichtsausdruck und sah dabei auf seinen Hut, der fast genau so alt war, wie der meinige.
"Ja", antwortete er mir voller Verachtung, "ich habe mich auf diesen Kinderkram eingelassen. Habe zwanzig Francs Stücke produziert, die vierzig Franc gekostet hatten. Außerdem machen alle Gold, das ist das Banalste von der Welt. Esq-, d' Abad., de Ru haben es gemacht. Das führt in den Ruin. Ich habe auch Zellgewebe hergestellt, in dem ich Strom durch Eiweiß fließen ließ. Das ergibt ein mittelmäßiges Steak, das immer ein bisschen an Omelett erinnert. Ich habe ein Huhn mit einem Menschenkopf bekommen, Alraunen die singen, zwei ziemlich unangenehme Monster. Wie Meister Wagner hatte ich einen Homunkulus in einem Glasflakon, aber Frauen, soviel steht fest, sind bessere Mütter als Flaschen. Was mich jetzt beschäftigt ist die Frage, wie man wegkommt von der irdischen Atmosphäre. Vielleicht hat Newton sich geirrt und das Gesetzt der Schwerkraft gilt nur für die Körper. Die Körper stürzen nach unten, die Gase jedoch steigen. Ich würde mich gerne von einem Turm herabstürzen und auf den Mond fallen. Auf Wiedersehen!"
Eines Abends kam ich von einem entfernten Theater zurück, das sich am südlichen Ende eines Boulevards befand. Einer dieser feinen, durchdringenden Regen setzte ein, die schließlich den Filz, das Gummi und all die Stoffe durchdringt, die unter
dem Vorwand undurchlässig zu sein, einen Geruch von Pech und Teer absondern. Die Mietdroschken standen überall herum, nur nicht da, wo man sie brauchte. (Gautier will wohl ein Wortspiel machen: Voiture de place = "Mietwagen", also Wagen, die das Recht hatten, auf einem Platz zu stehen. Ganz im Gegensatz dazu, standen sie aber nicht auf dem Platz, so fuhren herum, weshalb, vermutlich, er keinen bekam.) Beim zweifelhaften Lichtschein einer Lampe die auf einem durchhängenden Seil artistische Künststücke vollführte, sah ich meinen Freund, der gemächlich vor sich hin schritt, als ob es das schönste Wetter wäre.
"Was machst du gerade?", fragte ich ihn und fasste ihn unterm Arm.
"Ich übe fliegen."
"Teufel!", antwortete ich und legte meine Hand mit einer unwillkürlichen Bewegung auf meine Brieftasche. (Wortspiel: Je m' exerce à voler = Ich übe fliegen / Ich übe mich im Klauen. Er versteht erstmal letzteres und hat Angst um seine Brieftasche.)
"Oh, ich arbeite nicht als Taschendieb und verachte Verschleierungen. Ich übe fliegen, aber nicht auf einer mit Schellen behangenen Puppe wie Gringoire im Hof der Wunder (Anspielung auf eine Episode aus dem Roman "Der Glöckner von Notre Dame" von Victor Hugo. Gringoire ist ein verkrachter Poet, der sich heimlich in das Zentrum des Reiches der Bettler eingeschlichen hat, wofür diese ihn hängen wollen. Esmeralda aber rettet ihn, indem sie ihn heiratet.) . Ich fliege in die Luft, hinter dem Park de Luxembourg. Nachts gehe ich in fünfzig oder sechzig Meter Höhe spazieren. Bin ich müde, setze ich mich auf einen Schornstein, als ob es Pferd wäre. Das ist bequem."
"Und wie geht das?"
"Mein Gott, nichts ist einfacher als das."
Und dann erklärte mir mein Freund seine Erfindung. Es war tatsächlich sehr einfach. So einfach wie die zwei Gläser, die, an den beiden Enden eines Rohres befestigt, unbekannte Welten erblicken lassen, so einfach wie der Kompass, der Druck, das Schießpulver und der Dampf.
Ich war wirklich erstaunt, dass ich nicht selbst diese Entdeckung gemacht hatte. Das ist das Gefühl, das man hat, wenn man sich den Offenbarungen eines Genies gegenüber steht.
"Bewahre mein Geheimnis", sagte mein Freund, als er sich von mir verabschiedete. "Für meine Erfindung hab ich ein sehr effiziente Werbung gefunden. Die Anzeigen in den Zeitungen sind zu teuer und außerdem liest sie niemand. Ich begebe mich also des Nachts auf das Dach der Madeleine (bedeutende Kirche in Paris) um dann so gegen elf Uhr morgens einen vergnüglichen Spaziergang über dem Viertel, das mit einer Straßenbeleuchtung ausgestattet ist. Anschließend werde ich den Boulevards folgen, bis ich das Genie der Freiheit auf seiner bronzenen Säule (auf der Place de la Bastille) umarme." Nachde er dies gesagt hatte, verabschiedete sich der einzigartige Mann. Drei oder vier Monate lang sah ich ihn nicht mehr.
Eines Nachts, ich hatte mich gerade erst schlafen gelegt und schlief noch nicht, hörte ich, wie man dreimal deutlich an mein Fenster klopfte. Mutig bekenne ich, dass ich von einem schrecklichen Entsetzen gepackt wurde. Wenn es doch zumindest nicht der Teufel wäre, der Unbekannte, der durch die Nacht streicht, quaerens quem devoret (auf der Suche nach jemandem, den er verschlingen kann). Es klopfte noch einmal und ich sah wie sich durch die Scheiben Gesichtszüge abzeichneten, die mir nicht unbekannt waren. Eine Stimme rief meinen Namen und sagte: "Machen Sie doch auf, es ist schrecklich kalt."
Ich stand auf, öffnete das Fenster und mein Freund sprang ins Zimmer. Er war von einem mit Gas gefüllten Gürtel umgeben. Streben und Federn liefen seine Arme und Beine entlang. Er entledigte sich seines Apparates und setzte sich ans Feuer, dessen Glut ich neu entfachte. Ich nahm aus dem Schrank zwei Gläser und eine Flasche alten Bordeaux Weines. Dann fühlte ich die Gläser, die mein Freund aus Unachtsamkeit beide verschlang, genauer gesagt, deren Inhalt. Seine ganze Erscheinung strahlte. Ein Art von silbrigem Licht glänzte auf seiner Stirn, seine Haare sahen einem Heiligenschein zum verwechseln ähnlich.
"Mein Lieber", sagte er zu mir nach einer Pause, "ich habe alles erreicht. Der Adler ist im Vergleich zu mir nur eine Ente. Ich steige, ich sinke, ich drehe mich, ich mache was ich will. Ich bin Raimond, König der Lüfte. Und dies mit einer so einfachen,
so wenig beschwerlichen Methode! Meine Flügel kosten nicht mehr als ein Regenschirm oder ein paar Holzpantinen. Was für eine merkwürdige Angelegenheit! Eine kleine Berechnung von der Größe einer Hand, ein paar Federn, die von mir auf eine besondere Art und Weise angeordnet wurden und die Welt ist verändert.
Das alte Universum hat sich überlebt. Religion, Moral, Regierung, alles wird erneuert. Zuerst werde ich in einem blitzenden Kostüm von dort herabsteigen, was man bisher Himmel nannte, werde Gebote nach meinem Geschmack verkünden, werde den Menschen das Geheimnis des Fliegens offenbaren, sie von der alten Erdenschwere befreien, sie Engeln gleich machen, man wird gottgleich sein. Es gibt viele, die nichts dergleichen getan haben. Mit meiner Erfindung werden alle Grenzen verschwinden, alle Zölle, alle Zwänge, alle Zahlstellen. Der Invalide an der Brücke der Kunst erhält eine Anstellung Sinecure. (Wie bei allen Brücken dieser Zeit war bei der Überquerung Geld zu entrichten, das ein Invalider eintrieb. Da jetzt aber alle drüber fliegen, wäre es ein Job Sinecure, der zwar Geld, aber keine Verpflichtungen bringt.) Fangen Sie nur einen Schmuggler mit Zigarren in dreißigtausend Fuß über dem Meeresspiegel. Mit einem mit Atemluft gefüllten Helm, den ich meiner Konstruktion angefügt habe, kann man nämlich in ungeahnte Höhen aufsteigen. Die Flüsse, die Meere werden die Königreiche nicht mehr trennen.
Die Architektur wird von den Füßen auf den Kopf gestellt. Die Fenster werden Türen, die Kamine Flure, die Dächer öffentliche Plätze. Man wird die Höfe und die Gärten wie Vogelkäfige mit Gittern versehen müssen. Keine Kriege mehr. Die Strategie wird sinnlos geworden sein, die Atellerie nützt nichts mehr. Zielen Sie doch mit ihren Bomben gegen Männer die über den Wolken einherschreiten, mit ihren Stiefeln auf den Köpfen der Kondore. Bald wird man über die Eisenbahn lachen, über diese Kochtöpfe, die mit kaum 10 Meilen pro Stunde auf eisernen Stangen fahren!"
Mein Freund unterstrich jeden seiner Sätze mit einem Glas Wein. Sein Enthousiasmus machte sich in Dithyramben Luft und zwei Stunden lang sprach er unentwegt in diesem Tonfall, beschrieb die neue Welt, die seiner Erfindung bedurfte, so farbenprächtig und so reich bebildert, dass selbst ein Anhänger Fouriers verzweifelt wäre. Als er dann sah, dass der Tag anbrach, nahm er seinen Apparat und versprach mir, bald wieder zu kommen und mir einen Besuch abzustatten. Ich öffnete ihm das Fenster und er schwanz sich in die grauen Tiefen des Himmels. Nun allein, zweifelte ich an mir selbst, zwackte mich um in Erfahrung zu bringen, ob ich wachte oder schliefe.
Auf den zweiten Besuch meines flatterhaften Freundes warte ich nocht heute und ich habe ihn auch auf keinem Boulevard mehr getroffen, auch nicht im Freien. Hat seine Maschine ihm den Dienst versagt? Hat er sich den Hals gebrochen oder ist er in irgendeinem Ozean ertrunken? Wurden ihm von dem Vogel Rock auf dem Gipfel des Himmelayas die Augen ausgestochen? Ich weiß absolut nichts darüber. Ich werde es Ihnen mitteilen, sobald ich etwas Neues von ihm weiß.
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